La crise M23 et le processus de désengagement des troupes a été un sujet occupant une place centrale dans l’actualité ces dernières semaines. En effet, les prises de position publiques du M23 et du gouvernement de Kinshasa semblent toujours incompatibles, malgré les différentes interventions internationales et processus engagés. A travers ce processus de négociation, chaque contrepartie ou intervenant semble chercher à renforcer ses intérêts. 

En effet, le président congolais Félix Tshisekedi a réitéré publiquement son refus de négocier avec le groupe armé : “Pas de négociation avec le M23”, a-t-il réaffirmé lors d’une conférence de presse en marge de la visite du président sud-africain Cyril Ramaphosa dans la capitale congolaise le 6 juillet. A la suite de cette visite officielle, le président congolais a affirmé que la RDC est engagée sur un schéma qui passe par le le cessez-le-feu, le retrait, le cantonnement de ces forces terroristes et enfin leur intégration dans le programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS). Dans le contexte des élections prochaines, cette prise de position publique pourrait permettre de renforcer le président dans sa posture de candidat, en ne négociant pas avec un groupe qualifié de terroriste tout en étant ouvertement engagé dans un processus de paix, avec l’appui de la communauté internationale.  

Toutefois, dans une interview accordée à un journaliste indépendant, le chef rebelle Sultani Makenga affirmait que le M23 ne se sentait “en aucun cas” concerné par le processus de cantonnement et de désarmement acté lors du dernier sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (’EAC), le 31 mai. Il estime que le M23 “a fait sa part en se retirant des territoires occupés”. En retour, il exige un dialogue direct avec le gouvernement congolais, ce qui bloque l’avancée du processus de paix. 

Rappelons qu’en juin 2022, lors du troisième conclave des chefs d’Etat de l’EAC, ces derniers avaient convenu d’une approche politique et sécuritaire dite “processus de Nairobi” pour régler le problème de  paix et de sécurité à l’est de la RDC. En outre, le mini-sommet de Luanda en novembre 2022 proposait une feuille de route qui décidait d’une cessation des hostilités et d’un retrait  du M23  des positions conquises vers les positions initiales. Les deux processus de paix avaient bénéficié du soutien de la communauté internationale et particulièrement du président sud africain qui avait promis de travailler pour faire taire les armes dans la partie orientale de la RDC 

C’est dans ce contexte que le 12 juillet, à Goma, le groupe technique de travail du processus de paix de Nairobi a appelé le gouvernement congolais, la force régionale de l’EAC, la MONUSCO et d’autres structures régionales impliquées dans le processus, à réunir les conditions de pré-cantonnement, de désarmement et de démobilisation des M23. Le gouvernement congolais aurait déjà rempli sa part, en disponibilisant le site de pré-cantonnement de Rumangabo. L’ancien président Uhuru Kenyata, le facilitateur du processus, est chargé de communiquer toutes ces informations au M23 et de les persuader de se rendre à Rumangabo, mais sans succès.  

Alors qu’une mission d’évaluation de la force de la communauté d’Afrique de l’Est (EAC) a commencé le 4 juillet, des affrontements entre les forces d’autodéfense “Wazalendo” et M23 ont été rapportés au cours de cette période, dans le cadre d’une reprise de position du M23. 

Pour conclure, le non changement de position du gouvernement congolais ainsi que celui du M23 laissent craindre une impasse et un blocage dans la suite du processus de paix initié à Luanda et prolongé à Nairobi. Cette situation pourrait faire intervenir la force de la communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à l’est de la RDC dont le déploiement a été annoncé en juin. Selon le président congolais, la force de la SADC reste en attente, à la disposition de la RDC et pourrait intervenir à tout moment. A l’avenir, une reprise des affrontements entre les deux parties avec comme conséquence, un mouvement massif des populations est aussi à craindre.